C’était l’été de mes 17 ans, et je découvrais Londres à l’occasion d’un séjour linguistique.
J’apprenais qu’on pouvait manger des sandwichs à la confiture en guise de repas de midi, je passais des après-midi avec une famille Sikh dans les quartiers indiens de la ville, je visitais des squats, j’allais à des concerts en espérant que les Clash allaient se reformer, et surtout j’étais hébergée chez Mr et Mrs de Cruz.
C’était des gens super marrant vus depuis mon adolescence : lui était portugais, elle greco-polonaise, sauf que son village polonais avait été annexé par l’URSS à la fin de la guerre : oui, j’ai oublié de vous dire, à l’époque l’URSS existait encore, le rideau de fer aussi, et des missiles nucléaires étaient pointés de chaque côté. Ils avaient vécu au Kenya pendant 20 ans avant de s’installer en Angleterre, et arrondissaient leurs fins de mois en accueillant des jeunes en séjour linguistique.
Mes hôtes étaient catholiques très pratiquants : Mr de Cruz, qui était alors à la retraite, allait à la messe tous les jours. Le reste de son temps libre, il écoutait des airs d’opérette ou alors Nat King Cole.
Origine polonaise et religion oblige, il y avait des portraits de Jean-Paul II partout dans la maison mais bien que super pratiquants, ils n’étaient ni bigots, ni obtus, toutes les religions, toutes les nationalités et toutes les langues se rencontraient dans leur maison. J’y avais débarqué le jour de leurs 20 ans de mariage, ça tchatchait anglais, espagnol, portugais et polonais et quand je suis arrivée, on m’a immédiatement parlé, pas en français… mais en espagnol.
Ils habitaient une maison minuscule dans un quartier ouvrier pas loin de Brixton, et leur chat vivait quant à lui dans un « château » (en français dans le texte), au fond du jardin.
Mrs de Cruz faisait cette soupe que j’adorais, avec des tonnes de crème, bien plus de crème que ce que j’indique dans ma recette. Je suis repartie en France avec sa recette, cela fait maintenant presque 25 ans.
Je ne sais pas si Mr et Mrs de Cruz sont toujours vivants, mais ils restent dans ma mémoire comme la famille qui a illuminé l’été de mes 17 ans.
J’espère que vous adorez cette soupe autant que moi, c’est un peu un hommage à ces chouettes gens qui ont rendu super heureuse l’adolescente que j’étais alors.
Pour 4 personnes
Ingrédients
250g de champignons de Paris
1 grosse pomme de terre
1 oignon
1 gousse d’ail
1 litre de bouillon de volaille chaud
10 cl de crème épaisse (vous pouvez doubler la quantité)
15 g de beurre
Persil pour servir
Sel, poivre
Réalisation
Couper le bout terreux des champignons, éplucher la pomme de terre, l’ail et l’oignon. Laver tous les légumes, y compris le persil.
Hacher l’ail et émincer l’oignon. Couper la pomme de terre en dés et les champignons en quatre.
Faire fondre le beurre dans une grande casserole. Quand il mousse, ajouter l’ail, l’oignon, les champignons et les pommes de terre. Saler légèrement et faire suer les légumes quelques minutes en remuant à l’aide d’une spatule.
Ajouter alors le bouillon chaud et porter à ébullition. Baisser ensuite le feu, couvrir la casserole à demi et faire mijoter jusqu’à ce que les légumes soient cuits.
Pendant ce temps, hacher le persil.
Ajouter la crème dans la soupe et bien mélanger pour l’incorporer. Ajouter alors le persil, poivrer et servir bien chaud.
J’aime bien ton histoire, je n’ai pas un aussi bon souvenir de mon séjour en Angleterre, sachant que la famille ne nous cuisinait rien du tout, à mon grand désespoir! Quant à la soupe, ça me rappelle une soupe dégustée en Roumanie, mais avec une crème aigre, j’avais beaucoup aimé! Je vais tester ta recette;
Moi j’ai eu de la chance, j’ai toujours bien mangé en Angleterre : comme quoi…
coucou,
elle est bien tentante cette petite soupe crémeuse, miam !
Comme toi j’ai des tonnes de bons souvenirs de mes 2 familles anglaises (bon coté nourriture, j’avoue que la 1ère fois ça n’était pas top avec une femme Danoise qui me faisait avaler des pommes de terre caramélisées et de la salade de fruits à la mayonnaise sucrée, lol…). Mais la 2ème année j’ai vraiment gouté la cuisine familiale anglaise, le gigot à la menthe avec ses pois si verts, le vrai roastbeef avec le yorkshire pudding, les super petits déj si complets, les pies, fish & chips, les sandwichs triangulaires avec les garnitures étranges qu’on mangeait le midi assis dans le parc, les tonnes de petits gâteaux etc…. les cours de golf et les cours d’anglais aussi (qu’on séchait allègrement).
Depuis j’adore le thé et la Marmite !!
Bisou et bon week end Bailoara 🙂