Comme promis, voici la première recette que j’ai ramenée de Polynésie. Je me trouvais dans une pension de famille, et j’ai supplié la cuisinière de bien vouloir faire des plats polynésiens et aussi, de m’accepter en cuisine pour voir comment elle faisait.
Un grand merci 🙂 donc à Betty, cuisinière à la pension Fare Maeva de Huahine, de m’avoir montré comment on fait le Po’e, mon dessert préféré, et aussi le poulet fafa (recette à suivre sur mon blog).
La recette est toute en photos, sans proportions exactes. En italique, mes conseils pour faire un Po’e en métropole, quand on n’a ni cocotier ni bananier sous la main !
Je n’ai pas pu photographier le résultat dans les assiettes, faute de lumière suffisante au moment du repas. J’ai donc refait un Po’e à Paris, et fait une jolie présentation pour vous montrer le résultat final.
Une dernière précision : on prononce Po-é en laissant un blanc entre les deux voyelles, comme si on détachait deux syllabes. Si on prononce les 3 lettres attachées (Poé) on dira le mot « perle » : c’est très joli aussi, mais ce n’est pas la même chose. !
Mise à jour du 16 mai 2016 : quand j’ai publié cette recette il y a bientôt 7 ans, j’ai respecté scrupuleusement les quantités données par Betty. L’usage courant en Polynésie, c’est plutôt « un bol d’amidon pour trois bol de purée de fruit » ce qui donne un po’e plus léger et ce sont les quantités que j’utilise aussi. Je n’avais jamais corrigé la recette par respect pour Betty, mais vu que c’est une des plus consultées de mon blog, je pense que la précision vous sera utile.
Ingrédients pour un Po’e banane
Des bananes
De l’amidon de tapioca
Du sucre
Une gousse de vanille de Tahaa
Du lait de coco
On peut faire du Po’e avec des bananes, de la papaye, du taro, du potiron….
Peler les bananes, les couper en morceaux, les disposer dans une casserole, recouvrir d’un peu d’eau et laisser cuire. Réduire en purée à l’aide d’un blender.
Mesurer la quantité de purée à l’aide d’un bol : ici nous avons obtenu 3 bols de purée. Fendre la gousse de vanille en deux, gratter l’intérieur avec une pointe de couteau, et incorporer les grains à la purée de banane.
Mesurer le même volume de farine de tapioca que de purée de banane
En métropole, on trouve sans problèmes de la farine de tapioca (ou de manioc) dans les supermarchés asiatiques.
Mélanger au fouet, et ajouter ensuite un bol de sucre en poudre. Si vous avez bien suivi, on a donc trois mesures de purée de banane, trois mesures de farine de tapioca et une mesure de sucre. Le tout a été servi à 16 personnes en dessert.
Une fois le mélange effectué, les choses sérieuses commencent : on va dans le jardin, et on coupe une ou deux feuilles de bananier. (Sinon, on en trouve aussi dans les supermarchés chinois, mais c’est cher…)
Ensuite, on lave la feuille sous le robinet.
Et on la passe sur la flamme du gaz pour l’assouplir. Ça marche aussi sur la vitrocéramique. N’espérez pas zapper cette étape, faute de quoi votre feuille sera impossible à plier. La feuille ne brûlera pas sur la flamme, elle changera simplement de teinte, le vert deviendra brillant, et la texture sera souple.
Ensuite, on coupe la nervure centrale à l’aide d’un couteau, sans séparer la feuille en deux (je n’ai pas de photo, désolée). On peut aussi couper la pointe de la feuille si on veut un paquet bien carré, mais ce n’est pas obligatoire
On huile l’intérieur de la feuille pour empêcher le Po’e de coller. Le plus simple, c’est d’utiliser la main pour huiler.
On déposer le Po’e au milieu de la feuille, et on replie en papillote, et on enfourne dans un four préchauffé à 180°C pour environ 50 min.
Pendant ce temps, on prépare le lait de coco :
On fend les noix de coco, et on les râpe pour obtenir de la coco fraîche
Ici, avec une râpe électrique. On a râpé 16 cocos : pas de stress ! je vous propose deux compromis acceptables un peu plus bas dans la recette si vous n’avez pas de râpe ni de cocotiers dans le jardin 😉
On presse la coco râpée à travers un torchon pour obtenir le lait de coco.
Et si on n »habite pas dans un pays tropical, on peut soit utiliser du lait de coco en boîte (résultat moyen), soit acheter de la coco râpée surgelée dans un supermarché asiatique, la dégeler et la presser à travers un torchon pour avoir du lait de coco. C’est la meilleure solution à mon avis : le résultat est très proche du lait de coco frais, on saute l’ouverture et le râpage des cocos, et aussi, en métropole, pour un coût moindre que si on avait acheté des cocos entières : 2,40 euro le kilo surgelé, contre 1 euro pièce la noix de coco. Mais il faut de l’huile de coude.
Maintenant, le Po’e est cuit :
Mais ce n’est pas fini : il faut sortir le Po’e de la feuille, et le verser, entier dans un saladier dans lequel on aura versé au préalable le lait de coco, additionné d’une ou deux cuillerées à soupe de sucre (au goût). Pour faire simple, on écarte le dessus de la papillote et on bascule le Po’e d’un coup dans le saladier, pas de trop haut, pour éviter les éclaboussures.
Il avait un peu attaché dans le fond, ce qui a donné un goût caramélisé, miam !
On coupe le Po’e à l’aide de deux cuillères en faisant un mouvement de cisailles. Attention à couper des morceaux suffisamment petits pour être mangés, mais pas trop petits quand même, ce n’est pas une purée.
Et pour finir, on répartit Po’e et lait de coco dans les bols, et on mange avec une cuillère. On sert chaud, ou tiède, éventuellement à température ambiante, mais c’est mieux tiède.
Le Po’e se sert en dessert, mais accompagne aussi le thon cru à la tahitienne. Personnellement, j’aime bien servir les deux ensemble.
Si vous faites cette recette, essayez de vous procurer des bananes de qualité, celles qu’on trouve à Tahiti ont un goût incomparable. Et même si on peut se contenter de mettre le Po’e dans un plat huilé pour la cuisson, c’est beaucoup mieux avec des feuilles de bananier, elles donnent un goût particulier au plat. On en trouve facilement pliés en paquets au rayon légume des supermarchés asiatiques. Compter 8 euros au kilo, et les paquets pèsent en moyenne 500g. Ne pas utiliser de papier cuisson, ça colle.
Ia ora na vahine du nord !
Super avec les photos !
Je fais un dérivé de la recette, car en mettant plus d’amidon, jusqu’à faire une consistance de pâte à tarte, ça me remplace la pâte à tarte car je mange sans gluten !
Autant te dire que le ma’a tahiti est pour moi parfait…
Et la banane est le meilleur moyen que j’ai trouvé de faire une pâte qui ne soit pas friable (les farines sans gluten ne tiennent pas, car le gluten fait le liant dans les pains ou gâteaux).
mauruuru !